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UN EXTRAIT DU ROMAN "MADIATA" Sortie éditoriale octobre 2014

Gladys Wenceslas Toudissa





MADIATA
MISTA DE PANAMA

Un kinois impliqué dans une affaire de trafic de drogue





ROMAN POLICIER



















Congo, Brazzaville Le 17 janvier 1970, quartier Bacongo: 14h30

Il vient de terminer sa journée de travail, fatigué, assis sur son canapé, les yeux fixés sur la photo de sa fille magnifiquement encadrée et placée sur le mur du salon,le sergent Grégoire 1.75 mètre, 73 kilogrammes, écoute avec attention la déclaration du président de la république populaire du Congo « le commandant Marien Ngouabi ». Le président de la république veut mettre fin au trafic des stupéfiants mené par les bandes organisées composées des dizaines des trafiquants en provenance du Zaïre. Ces personnes qui se livrent à ce commerce illicite sont bien organisées dans la région du Pool, au sud de Boko à 120 kilomètres de Brazzaville.
Après plus d’une demie heure de suite d’affirmations émanant d’un président de la république en colère, vraisemblablement décidé de mettre fin à ce trafic, le téléphone fixe du sergent Grégoire sonne. Au bout du fil, le capitaine Magloire commandant de la Brigade des interventions spéciales  de police , 1.80 mètres, 78 kilogrammes, d‘un ton sec.
- allô! sergent Grégoire! C’est le capitaine Magloire.
- oui allô mon capitaine.
- demain matin tu seras envoyé en mission à Boko. Tu vas dirigé une équipe composée de 48 commandos de la BIS. Vous aurez pour mission: interpeller coûte que coûte un groupe des trafiquants de drogue qui sévit dans la région du Pool depuis plusieurs mois.
- à vos ordres mon capitaine. Répond le sergent Grégoire.
- Demain matin à 5 heures du matin tu dois te présenter à l’hôtel de police pour ton engagement et, organiser le départ de ton troupe prévu à 7 heures.
- à vos ordres mon capitaine.
Le jeune sous officier de la police nationale congolaise, formé à Makola, un centre de formation des sous officiers de la police et de l’armée, situé dans le département du Kouilou, est lui-même originaire de la région du Pool. Pour lui, cette mission est l’occasion de repartir dans sa région d’origine après plus de 15 ans d’absence. Le sergent Grégoire suivit ses études primaires et secondaires à Dolisie avant de s’engager dans la police nationale. Il a 25 ans, marié père d’une fille prénommée Léonie.
Au même moment, à 2 kilomètres de la résidence du sergent Grégoire, au camp militaire du 15 Août 1960, le lieutenant De Tourisme, 1.72 mètre, 70 kilogrammes, officier de l’armée populaire nationale (APN) d‘origine française, cri avec rage pour rassembler ses troupes, composées essentiellement des jeunes engagés qui viennent de terminer leur formation militaire d’infanterie urbaine. Il est assisté par l’adjudant chef Dia, 1.75 mètre, 75 kilogrammes, ancien militaire de l’armée française d’origine congolaise intégré dans les forces armées populaire nationale, classe 1957. L’adjudant chef Dia revient de Madagascar il y a juste trois mois, où il a effectuer sa dernière mission au service de l’armée française à Antananarivo
L’adjudant chef Dia est marié et père de 4 enfants.
D’une voix grave le lieutenant De Tourisme cri:
- à mon commandement! gardez-vous!
- Le renseignement est un réflexe à acquérir!
- Dès votre formation initiale, vous vous êtes engagés à acquérir les premiers rudiments qui ne sont rien d'autre que les actes réflexes: «observer», « écouter» et « rendre compte », dans un contexte de coercition de force ou de maîtrise de la violence, en zone urbaine en particulier. Les cours d'identification sur les matériels de l'avant viennent compléter cet apprentissage. Cette instruction constitue le socle indispensable à toute autre formation et sa maîtrise est sanctionnée par l'obtention du module « renseignement » du brevet de combat en zone urbaine de niveau bronze que nous vous remettons aujourd’hui.
Votre instruction s’est déroulée dans un des lieux les plus mystérieux du quartier Poto-poto : l’avenue de la mort .
L’adjudant chef Dia et moi-même, vous demandent en plus de cette préparation directe aux projections, au cours de ces stages qui constituent une véritable innovation dans le domaine du renseignement, d’être au-delà de connaissances approfondies en identification à acquérir, il s'agit de développer en vous, des savoir-faire spécifiques au combat en zone urbaine et au renseignement humain dans le cadre des opérations de maîtrise de la violence.
Après quelques secondes sous un silence serein, l’adjudant chef Dia prit la parole:
- Arme du contrôle continu du terrain, l'infanterie possède et développe la capacité d'investigation et de renseignement de contact. En mission de contrôle de zone, aucun capteur spécialisé ne remplacera une compagnie qui vit au quotidien dans un secteur et possède une connaissance précise du milieu. C'est pour ces raisons que nous développons dans nos rangs une véritable culture du renseignement, fondée sur une expérience reconnue et toujours prête à s'enrichir.
 - Repos!
réplique le lieutenant De Tourisme.









Zaïre(Bas Congo), Matadi le 17 janvier 1970: 18h15

De l’autre côté du fleuve Congo au Zaïre, à Matadi, Madiata veut tenter sa chance en traversant le fleuve Congo pour émigrer à Brazzaville. Il a 22 ans, au Zaïre, son avenir est incertain. Madiata avait un rêve: devenir musicien, intégrer l’orchestre « Tout Puissant Ok Jazz » du grand maître Franco Luambo Makiadi à kinshasa. Mais son rêve vient d’être brisé car il a échoué au teste d’entrée dans l’orchestre de ses rêves. Il vient juste d’arrivée dans sa ville natale après son périple à Kinshasa pour tenter d‘intégrer le « Tout Puissant OK Jazz ». Ne trouvant plus son chemin, il veut à tout prix tenter sa chance au Congo. Madiata veut sollicite l’aide de Zapata le spoliateur, le grand gangster du port de Matadi, petit de taille 1.70 mètre, 72 kilogrammes, très sollicité par les habitués du lieu pour généralement des services illégaux, Zapata est craint par tout le monde car il a la gâchette facile. Zapata possède une grande pirogue susceptible d’embarquer 20 passagers. Il a l’habitude de faire passer clandestinement les gens au Congo. Connu  par sa réputation de grand bagarreur au couteau et à la gâchette facile, par ses méthodes violentes, connu aussi des services de police zaïroise, il a déjà été condamné plusieurs fois par la justice zaïroise à des peines de prison ferme. Il est sans doute l’un des personnages les plus remarquables du port de Matadi au même titre que le responsable officiel de ce port. Tout le monde ou presque, même les forces de l’ordre évite les représailles, les gens évitent d’avoir des problèmes avec lui. Zapata est toujours accompagné de ses deux gardes du corps: Matazo et Cacha mark tous armés des poignards et des pistolets automatiques dissimulés sous leurs vêtements. Mais une dizaine des malfaiteurs constituent sa bande. « La loi au port de Matadi, c’est eux qui la font ».

Il est 20 heures, il fait déjà nuit, l’accès au port de Matadi est interdit à toute personne étrangère aux différents services du port, les gardiens sont partout. Autours du port par contre, c’est une autre vie: marchants ambulants, négociateurs des services portuaires, aventuriers, escroqueurs, acheteurs, voleurs, se confondent. C’est un marché où l’on retrouve les objets volés, les marchandises de la contrebande, un endroit nocturne où le trafic de drogue est l’une des activités principales.
Madiata se dirige vers un groupe qui entoure le célèbre Zapata, chacun à son tour veut négocier avec lui pour solliciter une vengeance, demander une protection, payer un prix en contrepartie d’un service rendu par son groupe, payer une rançon afin d’avoir sans crainte l’accès au port, ou bien négocier une aventure au Congo.  Le fil d’attente est long, Matazo et Cacha mark gèrent l’accès vers Zapata. Madiata doit attendre son tour pour négocier son voyage.
Après une heure et demie d’attente, Madiata porté par un sentiment de compassion est enfin reçu par Zapata:
- que veux-tu petit? Lui demande t-il.
- Je voulais négocier avec toi pour tenter une aventure à Brazzaville. On m’a dit que tu peux m’aider pour ce voyage.
Il s’adresse au célèbre Zapata d’une voix anxieuse et enclin à la peur.
- tu as l’argent petit?
- le voyage au Congo est très long et fatiguant en pirogue, il faut être courageux et patient. Tu es prêt à le faire?
- oui mon grand!
- le voyage va te coûter 50 dollars petit, et je veux l’argent complet demain matin avant 4 heures. Dis-toi que tu as la chance d‘être là ce soir parce que le voyage est prévu justement après demain à 4 heures du matin il ne me restait qu‘une place.
- merci mon grand, je vais tout de suite compléter l’argent que j’ai déjà sur moi pour être prêt demain matin.
- dépêche-toi petit, vas y et à demain.
- encore merci mon grand.
Satisfait de sa négociation avec Zapata, Madiata se dirige vers le quartier populaire de Matadi où il est logé par son ami d’enfance Mangovo afin de lui expliquer son périple, et préparer ses bagages. Le voyage est dans un peu plus d‘une journée. Il est surtout sûr de lui car dans son portefeuille il y a suffisamment d’argent pour payer son passage au Congo. Madiata a travaillé cinq années à Kinshasa, il était serveur dans un bar du centre ville de Kinshasa. Le jeune Madiata veut miser toutes ses économies en espérant gagner ce voyage.









  

Congo, Brazzaville le 18 janvier 1970: 5h00

Il est 5 heures du matin à l’hôtel de police de Brazzaville.
Les policiers de la Brigade des interventions spéciales (BIS) sont en rangs dans la grande cour de l’hôtel de police. Cette brigade de la police nationale, composée d’une cinquantaine d’hommes est une unité d’élite, des soldats formés en arts martiaux, armés jusqu’aux dents. Le capitaine Magloire chef des opérations de la BIS, prend aussitôt la parole d‘un ton sec:
- les gars! depuis deux ans, nous sommes sur les traces d’un réseau des trafiquants de drogue. C’est en réalité des zaïrois qui viennent de Matadi par pirogue jusqu’à Boko. Une bande de six personnes qui en même temps est soupçonnée de faire venir illégalement des étrangers dans notre territoire. Ces malfaiteurs viennent fournir du chanvre aux dealers qui par la suite prennent le relais et pourrissent la jeunesse de ce district.
- Ce trafic a prit de l’ampleur sur l’ensemble du territoire national. Le président de la république a fait de ce problème une affaire d’état car des crimes de tout genres sont commis par ces délinquants au Pool: braquages, assassinas, viols, règlements des comptes.
- l’objectif de cette opération est d’interpeller cette bande dont je ne cesserai de vous rappeler qu’elle est bien organisée. Ils ont des armes à feux, on ignore pour l’instant quel type d’armes qu’ils possèdent, mais soyez prudent. Le sergent Grégoire ici présent et le lieutenant Capota que vous trouverez sur place à Boko feront le point sur l’opération. Nom de l’opération « Ngouvou ». Vous êtes désormais sous les ordres du sergent Grégoire.
Le troupe se prépare pour un voyage d’une demie journée à Boko.
Dans la cour de l’hôtel de police chaque membre de la BIS prépare avec soin son armement: pistolet automatique, grenade, bombe lacrymogène, menottes, poignard, fusils mitrailleurs, matraque, tous vêtus d’un uniforme noir et tête rasée. Dehors, quatre véhicules 4x4 pick-up noirs de type « Toyota Land cruiser » alignés les uns après le autres, sont à leurs disposition le long du parking de l’hôtel de police.
sur chaque porte du véhicule on peut lire les écritures en blanc« Police nationale BIS ».
- à mon commandement!
Déclare le sergent Grégoire.
- tout le monde dans les véhicules! Le départ est imminent.
 Chaque véhicule contient 12 membres de la BIS: 2 membres dans la cabine y compris le chauffeur, 10 membres en arrière assis dos à dos sur des chaises spécialement adaptées au transport des forces de l’ordre. 5 membres de chaque côté, tous prêt à intervenir. Au total, 48 membres de la BIS parmi lesquels 5 femmes se dirigent vers Boko pour l’opération Ngouvou  .



Congo, Boko le 18 janvier 1970: 10h30

Le convoi de la BIS arrive dans la caserne de la gendarmerie située dans la périphérie sud de Boko après 3 heures de route. Un bâtiment entier à l’entrée de la caserne habituellement consacré à la formation écrite d’instruction militaire à été réservé pour accueillir les membres de la BIS.
Les uns après les autres, les véhicules transportant les commandos de la BIS entrent dans la cour de la caserne militaire de Boko.
Le lieutenant Capota 1.92 mètres, 94 kilogrammes, gendarme, chef du groupement d’intervention de la gendarmerie nationale(GIGN) de Boko et son unité les attendent depuis déjà une demie heure. Très organisés les commandos de la BIS sortent de leurs véhicules, tous derrière leur chef de mission le sergent Grégoire. L’accueil est professionnel.
- mes respect mon lieutenant. Lui salut le sergent Grégoire.
- vous êtes fatiguez les gars?
- négatif mon lieutenant! Répond le troupe.
- repos sergent!
- vous êtes prêts toi et tes hommes?
- affirmatif mon lieutenant.
- le capitaine Magloire m’a introduit en quelques mots votre plan. Mais j’attends des précisions de votre part sergent. C’est quoi déjà le nom de l’opération?
- Ngouvou! Hippopotame mon lieutenant.
- ok!
- rassemblez vos hommes dans la salle sergent.
- à vos ordres mon lieutenant.
Le sergent Grégoire demande à ses hommes d’entrer dans la grande salle mise à leur disposition.
- déposer vos bagages et vos fusils comme il faut et à la place qu‘il faut. Le lieutenant Capota et moi-même nous allons vous donné des instructions et la suite de l’enquête pour l’opération Ngouvou.
Quelques instants après, le lieutenant Capota entre dans la salle.
L’ensemble des commandos de la BIS se mettent en gardez-vous.
- mesdames, messieurs, vous aviez effectuer des missions aussi importantes que celle-ci, vos supérieurs dont le sergent Grégoire ici présent sont les seuls à juger vos performances. Cette mission est la vôtre et non celle de mon unité. Mon unité sera là juste à vous appuyer en cas de besoin. Sachez-le que les hommes auxquels vous allez vous attaquer sont potentiellement aussi armés que vous. Ce sont des trafiquants qui pour défendre leurs intérêts et pour leur protection sont prêts à tout. Disposez.
- à vos ordres mon lieutenant.
Répond la troupe.
- sergent suivez-moi.
Les deux hommes se dirigent dans la cour de la caserne
- un informateur précieux est au milieu de cette enquête sergent. D’après les dernières informations que j‘ai eu, les malfaiteurs seraient parti demain le 19 janvier de Matadi il faut un peu moins de trois jours pour arriver ici à Boko. Soyez prêts pour intervenir et organisez vos hommes au plus tard le 21 janvier sergent!
- nous sommes prêts mon lieutenant.
- l’informateur s’appel Mâ Ndala. Un agriculteur vendeur de nkuni. Il travaille avec nous depuis un mois en nous apportant les informations de Zapata et sa bande.
En effet, Mâ Ndala avait été contrôlé par la gendarmerie de Boko lors d‘un simple contrôle de routine, il était en possession d’un kilogramme de chanvre dissimulé dans un paquet de Nkuni qu’il portait sur sa tête. Ce chanvre était destiné à une autre personne qui devrait récupérer la marchandise au centre ville de Boko. Grâce à cette complicité, Mâ Ndala allait empocher 5.000 CFA de la part de Zapata. En garde à vue après son interrogatoire, les gendarmes lui avait rappelé qu’il risquait 5 ans d’emprisonnement pour détention de drogue. Après avoir donné des importantes informations aux gendarmes qui ont par la suite arrêté le coupable, Mâ Ndala a accepté d’aider les gendarmes en les informant sur Zapata et sa bande car ils accostent à un endroit secret au milieu de la forêt le long du fleuve qu’il connaît très bien. En effet, très souvent, c’est lui qui transporte le chanvre dissimulé dans ses nkuni de la forêt jusqu’au centre de Boko où il est accueilli par un dealer qui par la suite récupère la marchandise.

Zaïre(Bas Congo), Matadi le 18 janvier 1970: 21h00

Madiata avec Mangovo se dirige vers le kiosque situé en face de leur domicile pour acheter quelques aliments nécessaires au voyage.
- Mista! Ne m’oublie pas quand tu arriveras au Congo, surtout tâche de faire le nécessaire de revenir avec suffisamment d’argent. Dit Mangovo.
- ne t’inquiètes pas mon pote!  Je ne t’oublierai pas.
- tu penses que Zapata tient sa parole?
- il ne s’agit pas à lui de tenir sa parole, mais plutôt à moi d’avoir mon argent: 50 dollars pour tenir mon voyage.
- alors! Demain tu dois être matinal pour occuper la première place dans la pirogue.
- passe ta commande Mista!
- un paquet de biscuits? 5 boites de sardine, 3 maniocs et 3 saucissons secs s’il vous plait! Demande Madiata au vendeur du kiosque.
- nous avons des biscuits Jacots et des biscuits Saint Michel! Lesquels voulez-vous?
- des Jacots et Saint Michel s’il vous plait?
Après leurs achats, les deux amis retournent se coucher.
Pendant ce temps au port de Matadi, Zapata, Matazo, Cacha mark et leurs associés préparent leur voyage au Congo. Ils chargent dans la pirogue 10 sacs Nguiri « en nylon » remplis de chanvre. Dans ces sacs superficiellement recouverts de super Sosso: pagnes fabriqués au Zaïre, les trafiquant espèrent mettre en avant le commerce des pagnes super Sosso pour masquer leur trafic de chanvre, huit clandestins effectueront le voyage avec eux. En complicité avec les gardiens du port de Matadi, la bande de Zapata se prépare pour le départ. Dans la pirogue au bord du fleuve Zaïre loin des regards discrets et au milieu d’autres pirogues de pêche, les dix sacs de chanvre sont prêts, chaque membre du gang est armé, et en plus de leurs armes à feux dissimulées sous les vêtements, Matazo porte sur son dos un sac dans lequel se trouvent six fusils de guerre de type kalachnikov.
Zapata le « grand prêtre » comme on l’appelle et cinq membres de son groupe se dirigent vers la pirogue. Il prend la parole:
- tout est prêt les gars?
- oui grand prêtre
- ok! Les gars le plan de notre voyage comme d’habitude c’est de partir écouler notre marchandise à Boko. Cinq personnes nous attendent là bas à Boko dans trois jours pour récupérer les sacs et pour nous remettre l’argent comme prévu. Nous allons partir de ce port demain matin à 4 heures avec à bord huit clandestins qui nous paieront chacun 50 dollars. Je vous précise qu’il n’y a pas de négociation du prix à payer avec les clandestins pour ce voyage au Congo, « 50 dollars un point c’est tout », et nous seront six dans notre groupe armés et prêt à intervenir en cas de pépin avec la police zaïroise ou congolaise. Dans le sac que Matazo porte sur son dos, il y a six kalachnikov, on a donc chacun un kalachnikov en plus de nos pistolets automatiques.
- grand prêtre, quel sera notre parcours cette fois-ci? Demande l’un de ses membres
- c’est un voyage de deux jours jusqu’à Boko. Nous partirons d’ici jusqu’à Luozi où on passera la nuit, puis le lendemain on continuera notre navigation en passant par Mbaza ngungu avant d’atteindre notre objectif Boko.

Zapata attire l’attention de son groupe sur le danger plus ou moins prévisible qu’ils encourent tous, mais en même temps il les rassure parce qu’ils ont eux aussi les moyens de se défendre.
Le gang a des complices au port de Madati, à Luozi et à Mbanza Ngungu. Des policiers, des gardiens de port et des agents de services de transit sont aussi impliqués dans ce trafic. Un véritable réseau permet au gang de développer leur trafic car « chacun a sa part ».
Consommé essentiellement dans les milieux des jeunes désoeuvrés, mais aussi par des militaires et des policiers, le trafic du chanvre indien est très rentable. Achetée à 20 ou 50 Franc Zaïre (0,08 $) auprès des cultivateurs, une botte de 15 à 20 grammes est revendue 400 ou 500 Franc CFA à Boko et dans le Pool. Ce prix peut grimpé à1 000 FCFA (3 $) à Brazzaville. Zapata et sa bande avec la complicité des policiers, fournisseurs et revendeurs, préfèrent la voie navigable pour expédier leurs marchandises. "la pirogue est moins contrôlée par la police, très efficace et le plus discret possible pour leur trafic. Bien qu’étant un moyen de transport long sur plusieurs jours, le dealer peut réceptionner le colis en toute quiétude dans la forêt de Boko. Parfois plusieurs techniques sont utilisées par le gang, enfoui dans des sacs de maïs, de cossettes ou de pâte de manioc, soit encore dans des sacs de braise, le chanvre est embarqué dans des pirogues ou de petites embarcations de fortune jusqu’à sa destination, souvent avec des clandestins. La drogue est également exportée notamment vers l‘Angola, dissimulée dans des colis de poisson, de "mfumbwa" (légume sauvage très prisée des zaïrois et des congolais).
Zapata et sa bande prennent toutefois la précaution de masquer leur identité en utilisant des professions et des noms d’emprunt, pour brouiller les pistes en cas de contrôle de police.
La police congolaise ou zaïroise avec des moyens insuffisants, des mesures inefficaces dans sa lutte contre le trafic de chanvre, ne dispose en tout et pour tout que le sixième sens de certains agents pour repérer les colis et la marchandises suspects. Au port de Brazzaville par contre, le contrôle est rigoureux et a déjà produit ses fruits, mais il est impossible de surveiller les nombreux endroits du pays accessibles par le fleuve Congo, sans compter les centaines des bateaux ou pirogues des pêcheurs et autres embarcations qui naviguent tout les jours sur les larges des deux pays. Bien plus, la non application des mesures communautaires des deux pays affaiblit la lutte contre la drogue. Les rares personnes arrêtées en flagrant délit sont souvent remises en liberté quelques temps après par la police.
Envoyer ces délinquants en prison pouvait pourtant servir d’exemple à d’autres. A Kinshasa par exemple, la Commission interministérielle de lutte contre la drogue et les stupéfiants chargée de réprimer ces infractions, s’arrête à l’incinération des produits saisis. La police congolaise au contraire  a décidé de s’attaquer au mal par la racine avec l‘engagement de la BIS.
Le président Marien Ngouabi pense que, « tant que la consommation et le trafic du chanvre seront considérés comme de faits banaux, on n’arrivera certainement pas à éradiquer ce fléau qui gangrène la société congolaise ». Car les trafiquants eux, continuent à alimenter la région du Pool. Très entreprenants, il vient d’adopter de nouvelles stratégies faire de cette affaire, une affaire d‘état.
Dorénavant, Zapata et sa bande utilisent des pirogues motorisées qui font la navette entre Matadi et Boko. De là, ils rejoignent les dealer dans la forêt et par d’autres voies. Bien que le voyage prend beaucoup de temps et comporte trop de risques mais, ils sont optimistes et sûrs de leur défense.




Zaïre(Bas Congo), Matadi le 19 janvier 1970: 03h00


- Mista réveille-toi il est 3 heures du matin il faudra te lever mon pote le départ est à quatre heures.

- ok je dois y aller! Tout est prêt.



Gladys Wenceslas Toudissa

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